Le Profil Croisé des petites communes : Épisode 4/5 – Focus sur les enfants et les jeunes

La France compte 25 724 communes de moins de 1 000 habitants, soit 71% de l’ensemble des communes du pays. Ithéa vous propose une série d’articles socio-démographiques pour comprendre le parcours de vie des habitants des communes de cette strate.

Au programme :

Un quatrième épisode consacré à la petite-enfance, l’enfance et la jeunesse dans les communes de moins de 1 000 habitants en France.

Quelle part de jeunes sur le territoire ? Où sont-ils scolarisés ? Quels sont leurs besoins ? Quel est leur parcours résidentiel ?

Des jeunes enfants bien présents et des besoins en modes de garde élevés

Malgré le vieillissement de la population, les communes de moins de 1 000 habitants restent des territoires « jeunes ». En 2016, les moins de 3 ans représentaient 3,1% de la population de ces petites communes. Cette part est quasiment équivalente aux autres strates de comparaison (3,4% pour la France métropolitaine par exemple).

Toutefois, une des spécificités des petites communes réside dans l’offre et les besoins en modes de garde. En effet, dans les communes de moins de 1 000 habitants, la part des enfants de moins de 3 ans dont le parent (en situation de monoparentalité) ou dont les deux parents travaillent est de 69% contre 48% pour les villes de plus de 100 000 habitants, indiquant des besoins en mode de garde élevés. De plus, la part de structure d’accueil collectif (crèches principalement) est largement inférieure par rapport aux territoires plus peuplés. Ces chiffres expliquent, en partie, que la garde d’enfant constitue un frein périphérique important à l’emploi, en particulier en milieu rural et pour les femmes (voir l’épisode 3 consacré à l’emploi dans les petites communes).

Ainsi, les modes de garde s’organisent davantage autour des assistants maternels avec 28 enfants accueillis en moyenne pour 100 enfants de moins de 6 ans (contre 6 pour les grandes villes !). Pour accompagner le métier d’assistant maternel en milieu rural, la loi n° 2010-625 du 9 juin 2010 créée une nouvelle solution d’accueil à travers les maisons d’assistants maternels (MAM). Par ce dispositif, quatre assistants maternels peuvent se réunir pour accueillir 16 enfants dans un local adapté en bénéficiant d’une prime à l’installation proposée par la CAF.

Une part d’enfants et d’adolescents importante, avec des enjeux de mobilité

Par ailleurs, bien que la part des 3 – 17 ans présente une forte tendance à la baisse pour les petites communes (- 20% pour les 15 – 17 ans entre 2006 et 2016), elle reste à un niveau équivalent aux autres strates de comparaison et elle est même supérieure aux villes de plus de 100 000 habitants.

Néanmoins, un des principaux enjeux pour les enfants et les jeunes est celui de la mobilité, notamment pour le trajet domicile-école/collège/lycée. Un enfant sur deux, âgé de 2 à 10 ans et résidant dans une commune de moins de 1 000 habitants, est scolarisé dans une autre commune que celle de résidence (source : données INSEE 2016). Pour les 11 – 17 ans, ce chiffre est de 69%, impliquant des temps de trajet parfois longs avec une fatigue qui peut s’installer et avoir des conséquences sur la réussite scolaire. Un certain nombre d’études de l’INSEE mettent en lumière de fortes disparités territoriales en matière de temps de trajet (ex : Diagnostic sur le territoire scolaire cantalien : une inégalité d’accès, INSEE 2014).

La présence plus volatile des jeunes majeurs au sein des petites communes

Par ailleurs, les jeunes adultes ont tendance à quitter le territoire. Ils sont moins présents dans les petites communes et on note également une baisse significative des 18-24 ans dans les communes de moins de 1 000 habitants entre 2006 et 2016 (-37 %).

Cette part moins importante des jeunes adultes s’explique principalement par un départ pour les études ou un premier emploi. Toutefois, comme dans les territoires plus urbains, le parcours vers l’indépendance est sinueux. Les périodes d’allers-retours des 18-30 ans dans le logement parental sont fréquentes qui peuvent être liées à la fin d’un cycle d’études (32%), une séparation amoureuse (24%), des difficultés financières (22%) et/ou la perte d’un emploi (14%) (source : Baromètre Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, 2019, INJEP).

De plus, les jeunes des petites communes semblent se diriger plus tôt vers le monde du travail et présentent une situation plutôt stable. Le taux de chômage des 15 – 24 ans est relativement faible (26% pour les petites communes contre 32% pour les communes de 10 000 à 100 000 habitants) et 54% occupent un emploi stable (CDI ou fonction publique). Cependant, le taux de chômage a progressé de 7% pour les 15 – 24 ans entre 2006 et 2016 ce qui vient accroître les besoins en matière d’insertion professionnelle et d’accompagnement à l’emploi.

Des jeunes adultes en nombre représentant majoritairement des jeunes familles

La part des 25 – 29 ans dans les petites communes présente quant à elle une certaine stabilité entre 2006 et 2016, bien qu’ils restent moins nombreux que dans les grandes villes (4% pour les communes de moins de 1 000 habitants contre 9% pour les communes de plus de 100 000 habitants). Parmi eux, les jeunes vivant en couple avec enfants sont largement représentés (39% des ménages contre 13% pour les villes de plus de 100 000 habitants), illustrant un potentiel d’attractivité dans les petites communes pour les jeunes familles.

Les jeunes : des super-citoyens en devenir

A Rivarennes, dans l’Indre (36), la commune de 590 habitants a créé un conseil municipal des jeunes, composé d’une vingtaine d’adolescents. Ce conseil présente la particularité d’être totalement participatif afin d’impliquer au maximum les jeunes. Par exemple, lorsque le conseil a émis le souhait de créer une piste de skate, l’animatrice leur a proposé de réaliser ce projet en autonomie et de leur déléguer les compétences. « Lecture des magazines spécialisés, visites de pistes de skate réalisées dans les environs, repérage des entreprises fabriquant des rampes, des tremplins, des chicanes… Puis, ils ont trouvé un terrain disponible dans la commune, réalisé le plan de l’équipement, monté un dossier de financement avec les différents partenaires » explique l’animatrice du conseil pour illustrer cette autonomie.

Ce projet a couté 20 000 euros et a été financé à 80% par des financements européens dans le cadre d’un contrat Leader + « maintien des jeunes pour contrer la baisse démographique ». Cette piste est désormais en auto-gestion et les jeunes détiennent la clé, en plus de toutes les nouvelles compétences qu’ils ont pu acquérir !

D’autres exemples d’actions mises en place par des collectivités et CCAS/CIAS dans la bibliothèque de bonnes pratiques locales en cliquant ici

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