Le Profil Croisé des petites communes : Épisode 5/5 – Bien vieillir en dehors des villes

La France compte 25 724 communes de moins de 1 000 habitants, soit 71% de l’ensemble des communes du pays. Ithéa vous propose une série d’articles socio-démographiques pour comprendre le parcours de vie des habitants des communes de cette strate.

Au programme :

Un cinquième épisode consacré aux seniors dans les communes de moins de 1 000 habitants en France.

Le vieillissement est-il une tendance plus forte que dans les grandes communes ? L’isolement est-il un phénomène prégnant ? Quelle est la part de seniors en précarité financière ?

Démographie des seniors en milieu rural

48 % des citadins interrogés envisagent de s’installer en milieu rural dans le cadre de la retraite (Source : enquête BVA-CNASEA Les Français et l’installation des citadins à la campagne, 2017). Ce chiffre illustre le potentiel d’attractivité des petites communes, notamment pour les seniors.

Toutefois, bien que 27% de la population des communes de moins de 1 000 habitants aient plus de 60 ans, le phénomène de vieillissement de la population n’est pas plus élevé que dans des territoires plus denses : entre 2006 et 2016 on comptabilise une évolution de +13% des plus de 75 ans contre +18% à l’échelle nationale. Il existe donc bien un phénomène de vieillissement mais les petites communes sont composées d’habitants de tous âges avec une répartition relativement équilibrée (Voir Le profil des habitants, Episode 1).

Des seniors qui semblent moins précarisés

La part de seniors disposant de faibles ressources est moins élevée dans les petites communes. En effet, seulement 22% des seniors sont exonérés de la CSG dans les communes de moins de 1 000 habitants alors que ce taux est de 28% pour les villes de plus de 100 000 habitants.

Bon à noter : Une personne est exonérée de la CSG lorsque son revenu est inférieur à 11 228 € par an (ou 17 070 € par an pour un couple).

Il s’agit d’un indicateur particulièrement intéressant qui constitue un indice de fragilité utilisé par les Caisses Maladie et Retraite pour repérer les situations complexes dans une optique de prévention. Ainsi, bien que ce chiffre reste moins élevé que dans les territoires plus peuplés, il est nécessaire de nuancer cette affirmation en prenant en compte d’autres indicateurs, disponibles à d’autres échelles, tels que les situations de veuvage ou la part de bénéficiaires du minimum vieillesse pour identifier le niveau de fragilité des personnes âgées (données statistiques de l’observatoire des fragilités).

L’isolement : un enjeu pour les petites communes mais des atouts en termes de mixité intergénérationnelle

La population senior présente des besoins spécifiques : commerces de proximité, accès aux soins, adaptation du logement, mobilité… autant de problématiques questionnant le maintien à domicile. Aussi, la question du lien social est primordiale, qu’il soit de nature familiale, amicale et/ou de voisinage. Or, le nombre potentiel d’aidants dans les petites communes est le plus élevé, illustrant des ressources intergénérationnelles fortes. On dénombre 5 aidants potentiels, c’est-à-dire des personnes âgées entre 55 et 64 ans, pour 1 aidé (85 ans ou plus) dans les petites communes. Pour les grandes villes, de plus de 100 000 habitants, ce chiffre est de 3,5 aidants potentiels pour 1 aidé.

Cette richesse semble essentielle pour ces territoires puisqu’un enjeu autour de l’isolement des personnes âgées existe. En effet, la part des 80 ans ou plus vivant seuls dans les communes de 1 000 habitants représente 211 014 sur 512 867 personnes âgées de 80 ans et plus vivant dans les petites communes. Cette part a augmenté de 36% entre 2006 et 2016.

Pour lutter contre l’isolement, des petites communes ont mis en place des initiatives originales. « Autrefois, les anciens ont créé les écoles car il y avait beaucoup d’enfants. Aujourd’hui, c’est à nous de faire quelque chose pour eux », explique le maire de Le Fréchou (47), Pierre Dagras, commune de 265 habitants. Ainsi, le Centre de loisirs de seniors d’Héréchou (CLSH) a vu le jour dans une école qui avait fermé ses portes. Les visiteurs du centre comme l’équipe communale souhaite valoriser la transformation de ce lieu en mettant le lien intergénérationnel à l’honneur. Ateliers de couture, lecture de contes, chansons… « L’objectif du centre n’est pas seulement d’accueillir les anciens, c’est aussi de leur permettre de vivre le mieux possible et d’agir pour la cohésion sociale ». 

D’autres exemples d’actions mises en place par des collectivités et CCAS/CIAS dans la bibliothèque de bonnes pratiques locales en cliquant ici

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