Le Profil Croisé des petites communes : Épisode 3/5 – L’emploi et la mobilité

La France compte 25 724 communes de moins de 1 000 habitants, soit 71% de l’ensemble des communes du pays. Ithéa vous propose une série d’articles socio-démographiques pour comprendre le parcours de vie des habitants des communes de cette strate.

Au programme :

Un troisième épisode consacré à l’emploi et la mobilité des actifs dans les communes de moins de 1 000 habitants en France. Quels sont les emplois présents sur le territoire ? Où travaillent les actifs ? Quel est le taux de chômage ? Le secteur agricole représente-t-il encore une part importante ? Comment se déplacent les actifs ? Existent-ils des inégalités plus fortes liées au genre pour l’accès à l’emploi ?

Des emplois qui évoluent et des temps de trajets domicile – travail qui augmentent

Les secteurs d’emploi sont en évolution dans les petites communes. Ce constat avait été mis en lumière dans l’épisode 1 sur le profil des habitants. En effet, si la part des agriculteurs est plus importante que sur des territoires plus peuplés (3% de la population des communes de moins de 1 000 habitants), les agriculteurs sont de moins en moins nombreux dans ces communes avec une baisse de 23% entre 2006 et 2016.

En parallèle, la progression des cadres sur ces territoires est notable, puisqu’on comptabilise +22% de cadres et professions intellectuelles supérieures sur cette même période. Cette évolution peut expliquer, en partie, l’augmentation de la part des actifs qui travaillent en dehors de leur commune de résidence. En effet, les exploitants agricoles exercent en majorité au sein de leur commune de résidence alors que les emplois de cadres se trouvent davantage en dehors des petites communes.

Parmi les actifs des communes de moins de 1 000 habitants, 63% travaillent au sein d’une autre commune du département contre 34% pour les communes entre 25 000 et 100 000 habitants. Cette tendance à l’allongement des distances entre domicile et travail s’accentue ces dernières années. 

Par conséquent, le taux d’équipement des ménages en voiture pour les petites communes est plus élevé par rapport aux autres strates de comparaison. Plus d’un ménage sur 2 (53%) possèdent deux voitures ou plus en 2016 contre 14% pour les ménages des villes de plus de 100 000 habitants.  

Un taux de chômage moins élevé dans les petites communes mais des publics spécifiques qui présentent des enjeux d’insertion professionnelle

Les petites communes bénéficient d’un taux de chômage des 15 – 64 ans plus faible (10% contre 17% pour les villes de 10 000 à 100 000 habitants).

Ce constat positif est toutefois à nuancer au vu de son évolution et de l’existence de publics spécifiques particulièrement touchés par ces problématiques d’accès à l’emploi.

  • Entre 2006 et 2016, le taux de chômage a effectivement progressé pour toutes les tranches d’âges et particulièrement pour les jeunes (+7% pour les 15 – 24 ans).

  • Par ailleurs, les données de Pôle Emploi, plus récentes soulignent une part relativement plus élevée de Demandeurs d’Emploi en Fin de Mois (DEFM) parmi les 50 ans et plus des petites communes : 29% des DEFM dans les communes de moins de 1 000 habitants contre 23% dans les communes de plus de 100 000 habitants).

Focus sur le temps partiel des femmes en milieu rural

Un autre indicateur intéressant est le temps partiel, en particulier chez les femmes. Dans les petites communes, la part de femmes en temps partiel est importante (31% des femmes salariées des communes de moins de 1 000 habitants contre 25% pour les villes de plus de 100 000 habitants).

En 2018, un rapport de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires vient préciser que « la garde d’enfant constitue un frein périphérique à l’emploi, en particulier pour les femmes ». Ce frein à l’emploi est  « accentué en milieu rural au regard du nombre de places d’accueil collectif offertes aux familles qui est moindre dans les territoires peu denses puisque l’on compte 39 places d’accueil pour 100 enfants pour 50 places à l’échelle nationale. Le recours aux assistant(e)s maternel(le)s est donc plus important ce qui aboutit à une mise à l’écart d’une partie des familles, notamment les plus précarisées, les moyens de garde individuels étant plus onéreux ». (Source : Etude, relative aux freins et aux leviers pour l’accès des femmes à l’emploi dans les territoire ruraux, Geste/Perfégal/Ministère de la Cohésion des Territoires/Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, Janvier 2018).

Pour répondre à cette problématique, la commune de La Meyze (Haute-Vienne, 87) propose à ses 900 habitants un centre de loisirs associatif avec des horaires souples afin d’aider les mères ou pères de famille à la recherche d’emploi pour se rendre à des entretiens d’embauche ou accepter des temps complets. L’association « Ainsi font » permet de faire garder ces enfants en accueil périscolaire de 7h30 à 19h, voire plus, sur demande. Un véritable réseau s’est mis en place notamment avec le restaurateur de la commune qui assure le repas des enfants. Une solution de proximité permettant de favoriser l’insertion professionnelle des pères et mères de famille !

D’autres exemples d’actions mises en place par des collectivités et CCAS/CIAS dans la bibliothèque de bonnes pratiques locales en cliquant ici

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