Co-construire une politique sportive avec les acteurs associatifs

Les comportements sédentaires progressent : en 2024, 8 enfants sur 10 passent plus de deux heures par jour devant un écran. Aussi, 8 adultes sur 10 dépassent trois heures quotidiennes de temps d’écran de loisirs selon Santé Publique France. Plus de 20 % des adultes passent plus de sept heures assis par jour.

Ces chiffres rappellent l’urgence d’agir de manière ciblée, inclusive et concertée. Face aux enjeux croissants de santé publique, le sport devient un outil clé de prévention, de bien-être et d’inclusion. Pour répondre à la hausse des maladies chroniques, à la sédentarité et aux inégalités d’accès à l’activité physique, les collectivités doivent repenser leur politique sportive.

De même, il ne suffit plus de proposer des équipements ou des compétitions : il faut construire une offre adaptée aux besoins des habitants. Et en particulier des publics éloignés de la pratique. Par conséquent,  cela implique de co-construire les stratégies sportives avec les acteurs associatifs. Elles qui jouent un rôle central sur le terrain. De plus, en lien direct avec la population, ces associations connaissent les réalités locales. Enfin, elles sont porteuses d’innovations utiles pour faire du sport un véritable levier de santé et de cohésion sociale.

Cartographier l’écosystème sportif territorial

Identifier les ressources locales

Avant toute démarche de co-construction, il est nécessaire de réaliser un diagnostic territorial partagé. Il s’agit d’identifier :

  • Les associations sportives : clubs affiliés, structures multisports, sport-loisir, pratiques émergentes…
  • Les équipements sportifs : installations municipales, équipements en gestion associative ou privée (ex. salles de fitness), espaces publics propices à l’activité physique (parcs, berges, cours d’école…).
  • Les autres acteurs concernés : établissements de santé, établissements scolaires, maisons de quartier, structures jeunesse, acteurs du médico-social, acteurs privés
  • Les opportunités : évènements sportifs, dispositifs de soutien (Plan 5000 équipements, Maison Sport-Santé…), initiatives citoyennes (ex. Paris Sport Dimanche qui organise des séances de sport gratuites et accessibles dans l’espace public)

Connaître au-delà de l’institutionnel

La connaissance de cet écosystème ne doit pas se limiter à des données administratives ou statistiques. Il est nécessaire de mobiliser l’intelligence collective du territoire à travers des outils participatifs :

  • Questionnaires à destination des habitants, usagers, parents, bénévoles…
  • Entretiens qualitatifs avec les dirigeants associatifs, les éducateurs sportifs, les gestionnaires d’équipements, les médecins
  • Visite de sites (équipements sportifs, espaces publics de pratique libre, installations associatives) afin d’observer les usages réels, les conditions d’accueil et les dynamiques locales sur le terrain
  • Ateliers de concertation réunissant une diversité d’acteurs pour faire émerger des diagnostics partagés et des pistes d’action communes.

Une bonne pratique identifiée par Ithea : à Saint-Paul, en 2021, trois rencontres publiques ont été organisées avec les 295 associations du territoire. Ces échanges ont permis d’identifier les besoins concrets en matière d’équipements, de créneaux, d’organisation, et d’élaborer une politique adaptée aux 21 000 licenciés de la commune.

Ithéa Conseil accompagne les collectivités dans la définition de leur projet sportif territorial.

Le diagnostic sportif territorial est un document clef pour comprendre l’évolution des habitudes sportives, investir dans les services et les équipements d’un même territoire et ainsi faciliter l’accès aux sports à tous les habitants, quel que soit leur pratique, leur âge, leur genre ou leur lieu de vie. 

Soutenir les acteurs associatifs

Les associations sportives jouent un rôle fondamental dans l’animation du territoire, la promotion de la pratique pour tous et la cohésion sociale. Pour leur permettre de remplir pleinement leurs missions, il est indispensable de leur apporter un appui adapté, à la fois matériel, humain et financier. Ce soutien peut prendre différentes formes, articulées autour de deux grands axes : le soutien logistique et les subventions.

Des subventions adaptées et stratégiques

Le financement doit être à la fois structurant (subventions de fonctionnement) et incitatif (soutien à des projets innovants). Il peut s’articuler autour des leviers suivants : 

  • Subventions de fonctionnement pour stabiliser l’activité
  • Aides à l’emploi, notamment via les dispositifs de l’Agence Nationale du Sport, de l’ANS ou des Cités de l’emploi
  • Financement de projets spécifiques : sport santé, inclusion, sport en entreprise, sport en milieu rural…
  • Formations des bénévoles : enjeu majeur pour renforcer la pérennité et la professionnalisation des structures

Un soutien logistique structurant

L’appui logistique est souvent aussi précieux qu’un soutien financier. Il permet de renforcer la capacité d’action des associations. Parmi les actions possibles :

  • Proposer des créneaux dans les équipements municipaux
  • Prêter du matériel sportif ou de transport
  • Aider à la communication: création de visuels, promotion sur les supports municipaux
  • Proposer un accompagnement administratif et juridique: statuts, déclarations, appels à projets…

Identifier des enjeux et projets communs

Les collectivités et les associations sportives partagent aujourd’hui des enjeux communs qui dépassent la simple organisation de la pratique. Améliorer la santé publique, lutter contre les inégalités d’accès, favoriser la mixité et répondre aux besoins des habitants : autant d’objectifs qui nécessitent une action concertée.

Développer le sport santé

Tout d’abord, le sport santé vise à intégrer l’activité physique dans le parcours de soin, de prévention et de bien-être pour tous les publics. Avec l’augmentation des maladies chroniques, du vieillissement de la population et de la sédentarité, cette approche prend une importance croissante. De nombreux projets locaux encouragent les prescriptions d’activités physiques adaptées (APA) par les médecins, en lien avec des éducateurs sportifs formés. 

Par conséquent, des partenariats entre établissements de santé, maisons sport-santé et clubs sportifs se multiplient pour proposer un encadrement sécurisé et motivant. Ces dispositifs permettent à chacun, quel que soit leur âge ou leur état de santé, de retrouver une pratique physique régulière, bénéfique tant sur le plan physique que mental. 

Par exemple, la Ville de Poitiers et la Communauté urbaine Grand Poitiers, accompagnées par Ithéa, ont mené un diagnostic territorial approfondi, intégrant une réflexion spécifique sur l’offre sport-santé, avec une approche croisée des équipements, des publics et des besoins.

Sport santé : comment l’intégrer dans sa stratégie locale ?

Favoriser la pratique des femmes

Selon Santé Publique France, en 2024, seuls 33 % des filles de 6 à 17 ans atteignent les recommandations d’activité physique contre 51 % des garçons. Enfin, chez les adultes, 53 % des femmes et 71 % des hommes de 18 à 74 ans atteignent les recommandations, mais les femmes restent globalement moins actives, toutes catégories confondues.

De plus, la pratique sportive féminine est marquée par des inégalités d’accès, de représentation et de reconnaissance. La lutte contre les stéréotypes, le sexisme et les freins socioculturels est un enjeu central. Enfin, encourager la participation féminine, y compris dans les instances dirigeantes des clubs et fédérations, constitue un levier pour un sport plus équitable et inclusif.

Pour y arriver, des actions spécifiques sont mises en œuvre : 

  • Création de créneaux réservés aux femmes dans les équipements publics,
  • Développement de programmes adaptés aux besoins (sport après grossesse, sport en milieu rural, etc.), 
  • Valorisation des modèles féminins dans le sport

Ithéa a identifié des collectivités qui ont développé des actions pour favoriser la pratique féminine, en voici un exemple : 

L’égalité Femmes-Hommes par le sport

Depuis 2014, la Ville de Grenoble et la Maison pour l’Égalité Femmes-Hommes mènent diverses actions pour promouvoir l’égalité dans le sport. De ce fait, des événements comme la semaine du sport féminin (2018) et des campagnes vidéos (2020) visent à encourager la pratique sportive chez les jeunes filles et à déconstruire les stéréotypes de genre.

Renforcer l’accessibilité des équipements

Tout d’abord, l’accès aux infrastructures est un facteur déterminant de la pratique sportive. Aujourd’hui, certaines populations restent éloignées des lieux d’activité en raison de barrières géographiques, économiques ou physiques

Des projets communs visent à repenser la répartition des équipements sur le territoire, à les adapter aux personnes en situation de handicap, et à en faciliter l’usage pour tous, notamment dans les quartiers prioritaires ou les zones rurales :

  • Rénovation de gymnases pour une accessibilité universelle
  • Installation d’équipements en libre accès (parcours de santé, agrès), 
  • Tarification solidaire. 

Enfin, ces actions ont pour objectif de faire du sport un bien commun, accessible à chacun, sans discrimination.

Ithéa a identifié des bonnes pratiques qui favorisent l’accès au sport pour toutes et tous :

Des randonnées dans la nature accessibles à tous

Nomaglio a créé des randonnées accessibles, testées par des personnes à mobilité réduite, intégrées à un guide inclusif pour un tourisme ouvert à toutes et tous.

Favoriser l'activité physique avec le design actif

Pour les JO 2024, Calais a réaménagé son front de mer en favorisant l’activité physique, avec l’appui de « Terre de jeux 2024 » et Action Cœur de Ville.

Structurer la gouvernance locale avec les Offices du Sport

Afin de porter une politique sportive réellement concertée et cohérente, les collectivités peuvent s’appuyer sur un outil clé : l’Office du Sport. Créée sous la forme d’une association loi 1901, cette structure souple, ouverte et pluraliste agit comme un carrefour de l’action sportive locale, est au croisement de l’Éducation Physique et Sportive (EPS), des Activités Physiques et Sportives (APS) et des dynamiques associatives.

De plus, présent à l’échelle communale, intercommunale ou territoriale selon les configurations, l’Office du Sport rassemble l’ensemble des acteurs concernés. Les associations sportives, services municipaux, directions des sports, enseignants d’EPS, personnalités qualifiées, praticiens et citoyens engagés. Il reflète la diversité des pratiques et des besoins du territoire.

L’Office du Sport intervient selon trois dimensions complémentaires :

  • Conseil sportif territorial : observatoire local des pratiques sportives, il alerte sur leurs évolutions, appuie la planification des équipements, oriente les choix stratégiques des collectivités (subventions, aménagements, politiques sportives) et anime la concertation (groupes de travail, assises, démarches participatives).
  • Développeur associatif : il renforce les associations en mutualisant moyens (locaux, matériel, véhicules), en mobilisant du personnel (agents, éducateurs) et en accompagnant la recherche de financements.
  • Animateur sportif territorial : il organise des événements, des stages, des écoles multisports ou des forums associatifs. Enfin, il participe activement à la mise en œuvre de la politique sport santé locale. Notamment en lien avec les Maisons Sport Santé, et promeut l’inclusion de tous les publics à travers des actions adaptées (jeunes, seniors, non-pratiquants…).

En articulant ces trois dimensions, l’Office du Sport constitue un levier puissant de co-construction. Mais également d’innovation et de mise en œuvre d’une politique sportive locale partagée. Enfin, il favorise une gouvernance souple, ancrée dans les réalités du terrain, et adaptée à la diversité des pratiques et des publics.

La co-construction d’une politique sportive territoriale n’est pas une option. En effet, elle est une nécessité pour répondre aux enjeux contemporains de santé publique. Mais également de justice sociale et de développement local. Les associations doivent en être les partenaires privilégiés.

Enfin, construire une politique sportive co-partagée, c’est adopter une démarche de gouvernance ouverte. De plus, dans celle-ci, les élus, les techniciens, les professionnels de santé, les éducateurs et les citoyens œuvrent ensemble à faire du sport un outil de transformation sociale. Un sport pour tous, partout, et tout au long de la vie.

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