Sport santé : comment l’intégrer dans sa stratégie locale ?

En 2023, selon le rapport de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP). Environ 24 millions de Français déclaraient pratiquer une activité physique régulière. Parmi eux, seulement 30 % de ces pratiquants le font dans une optique de sport-santé structurée. C’est-à-dire encadrée, adaptée et intégrée dans une démarche de prévention ou de traitement médical.
Tour d'horizon du sport santé
Le sport-santé : bien-être global et enjeux médicaux
Le concept de sport-santé va au-delà de la simple pratique sportive. En effet, il désigne l’ensemble des activités physiques ou sportives qui participent à l’amélioration ou au maintien de la santé. conformément à la définition de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui inclut les dimensions physique, psychologique et sociale.
Le sport-santé intervient à plusieurs niveaux de prévention :
- Prévention primaire, en maintenant la santé des personnes sans pathologie connue
- Prévention secondaire, en réduisant les risques de complications ou de rechute. Cela vaut pour les personnes vivant avec une maladie chronique (diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, cancers, etc.)
- Prévention tertiaire, en favorisant la réadaptation et la qualité de vie des malades chroniques ou en perte d’autonomie
Des structures en pleine croissance : les Maisons Sport-Santé
De plus, face à l’augmentation des enjeux de santé publique, les Maisons Sport-Santé (MSS). Elles se sont imposées comme un outil-clé pour structurer l’offre sport-santé. Leur nombre a connu une croissance exponentielle :
Ces structures, portées par des acteurs variés (collectivités, associations, établissements de santé…), réunissent des professionnels du sport et de la santé pour accompagner les personnes, notamment celles atteintes d’affections de longue durée ou éloignées de l’activité physique. Leur objectif : rompre avec la sédentarité, prévenir les maladies chroniques, et faciliter l’accès à une activité physique adaptée (APA).
Pour plus d’informations sur le fonctionnement des Maisons Sport Santé, un schéma tiré des résultats de l’enquête de fonctionnement des Maison Sport Santé 2023 est disponible sur le site du Pôle Ressources National Sport Santé.
Pour devenir Maison Sport santé, vous pouvez vous rendre sur le site du Ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Sports.gouv.fr.
Pourquoi s’engager dans le développement du sport santé ?
D’ici la fin 2025, plus de 20 % de la population française aura plus de 65 ans selon l’INSEE. Cette transition démographique entraîne une hausse des pathologies liées à l’âge et à la sédentarité. D’après l’OMS, l’inactivité physique est aujourd’hui responsable de 10 % des décès en Europe. Pourtant, une activité physique régulière permet de :
- Réduire de 30 % les risques de chute chez les seniors
- Retarder l’apparition de la dépendance
- Améliorer la qualité de vie et l’autonomie
Les maladies chroniques non transmissibles (diabète de type 2, hypertension, maladies cardiovasculaires, asthme, arthrose) touchent près de 20 millions de Français. Elles représentent aujourd’hui la première cause de mortalité en France. L’activité physique adaptée, intégrée dans une démarche de sport-santé, s’impose comme un véritable traitement non médicamenteux, elle peut :
- Réduire la pression artérielle
- Améliorer la sensibilité à l’insuline
- Renforcer le système immunitaire
- Stabiliser l’humeur
Selon le Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, la pratique d’une activité physique régulière s’accompagne d’une réduction de 25 à 30 % de la mortalité cardiovasculaire chez les patients coronariens et est associée à une réduction de 40 % de la mortalité globale après un diagnostic de cancer.
Promouvoir le sport-santé, c’est aussi investir dans une politique publique durable qui permet de :
- Réduire les dépenses de santé à long terme
- Renforcer la cohésion sociale en luttant contre l’exclusion et l’isolement
- Dynamiser les partenariats locaux entre professionnels de santé, clubs sportifs, collectivités et citoyens
Comment s’engager concrètement en tant que collectivité dans le sport santé ?
Le rapport de l’ANDES de 2022, basé sur les retours de 421 collectivités locales, montre que les dispositifs sport-santé sur ordonnance sont, dans 65 % des cas, portés directement par les collectivités elles-mêmes, principalement via les services des sports ou en lien avec les Maisons Sport-Santé locales. Cela souligne la capacité d’intervention des communes, notamment dans la coordination des parcours sport-santé et la mise en réseau des acteurs locaux (associations sportives, professionnels de santé, structures sociales). Certaines collectivités s’appuient également sur des dispositifs régionaux existants, comme Prescri’Mouv, Prescri’Forme ou les DAPAP, pour intégrer l’activité physique sur prescription dans leur offre de services.
Des leviers concrets sont mobilisés dans les territoires : créneaux hebdomadaires d’activité physique adaptée (1 à 2 séances par semaine en moyenne), tarification solidaire ou gratuite pour les bénéficiaires des dispositifs sport santé (personnes en affections de longue durée, personnes en situation de handicap, publics en situation de précarité), et partenariats variés (mutuelles, cliniques, maisons de santé, CCAS). Hors cadre médical, de nombreuses collectivités ont également développé des actions sport-santé accessibles à tous :
Le coupon sport
Le sport gratuit
Olympiades des EHPAD
Cependant des besoins persistent : un manque de personnel formé en activité physique adaptée (APA), des difficultés de coordination entre acteurs, et une méconnaissance générale du sport-santé chez les élus, malgré une volonté croissante d’agir. Dans ce contexte, la réalisation d’un diagnostic local, l’accès à des fiches pratiques thématiques, et le recours à des ressources externes de financement (Agence nationale du sport, ARS, etc.) apparaissent comme des points d’appui concrets pour structurer une politique sport-santé locale efficace et adaptée aux réalités du territoire.
Le projet sportif territorial : un levier pour répondre aux enjeux locaux de sport santé
De plus, ce projet sportif est une démarche d’analyse portant à la fois sur l’offre et la pratique sportive. Il permet de faire un état des lieux du sport sur un territoire afin d’identifier les enjeux liés à l’évolution des besoins.
Afin de mieux comprendre le projet sportif territorial, vous pouvez vous rendre sur le site de la Fédération Nationale des Offices Municipaux du Sport.
Le diagnostic sportif est un outil indispensable pour les collectivités pour repenser les politiques publiques sportives et définir une stratégie de développement, ou un projet sportif territorial. Enfin, Ithéa Conseil accompagne les collectivités dans l’élaboration et la mise en œuvre de leur Projet sportif territorial.
Notre méthodologie
Diagnostic quantitatif :
- De l’offre sportive (associations sportives, fédérations sportives représentées)
- Des équipements (nombre d’équipements sur le territoire et accessibilité en fonction des quartiers /communes)
- Des pratiquants (évolution, âge, sexe, incluant les pratiques para sport)
Diagnostic qualitatif :
- Des besoins (attentes des usagers et des non-usagers des équipements sportifs)
- De l’évolution des pratiques (sport hors cadre associatif et fédéral)
- De l’écosystème territorial du sport (liens et partenariats entre les acteurs publics, associatifs et privés du sport)
Préconisations et approfondissements :
- Réflexion autour de thématiques prioritaires (ex : sport-santé, accessibilité des équipements, pratique libre)
- Mise en perspective des enjeux
Déploiement du projet sportif territorial :
- Feuille de route pluriannuelle (dont axes stratégiques et objectifs opérationnels)
- Rédaction de fiches actions (incluant les porteurs de projets, l’échéancier, les indicateurs d’évaluation, la priorisation)
Notre accompagnement de la Ville de Poitier et Grand Poitiers :

Par exemple, la Ville de Poitiers et la Communauté Urbaine du Grand Poitiers ont souhaité lancer une réflexion autour de l’offre sportive sur le territoire. Ainsi, un diagnostic territorial a été réalisé afin d’approfondir différentes réflexions : l’impact social et économique du sport, l’offre de sport-santé, la pratique sportive dans les quartiers prioritaires, etc. Ce diagnostic a été largement enrichi autour de plusieurs thématiques : les équipements sportifs, les acteurs du sport, la pratique sportive sur le territoire, les financements. Une étude réalisée à l’échelle de la ville et de la Communauté Urbaine pour fournir aux élus et aux services plusieurs clefs de lecture pour travailler sur la politique sportive du territoire.
Des initiatives locales en lien avec le sport santé
Ithéa a identifié quelques actions menées par les partenaires locaux :
- À Paris, le programme « Paris Sport Santé » propose des activités physiques adaptées et gratuites. Et cela dans plusieurs arrondissements de la capitale (notamment les 13e, 15e, 16e et 18e). Ouvert à tous, quel que soit l’âge ou l’état de santé, ce dispositif vise à favoriser la reprise d’une activité physique régulière dans un cadre bienveillant, encadré par des professionnels formés. Les séances hebdomadaires incluent des exercices de renforcement musculaire, d’équilibre ou de mobilité, et s’adressent autant aux personnes sédentaires qu’à celles atteintes de pathologies chroniques ou en situation de vulnérabilité
- Le Département du Val-de-Marne a lancé le dispositif « Sport sur ordonnance » dans 13 villes. Celui-ci est financé en partie par l’ARS (Agence Régionale de Santé). Il permet à toute personne atteinte d’une Affection de longue durée (ALD) de se voir prescrire par son médecin traitant une activité physique adaptée.
- Dans la région Auvergne Rhône Alpes, l’association “Ain profession sport et culture” a mis en place un programme estival pour maintenir l’activité physique adaptée (APA). Durant la fermeture des équipements sportifs municipaux : sept séances en visioconférence. Egalement, des ateliers de marche et de mobilisation articulaire en plein air sur tout le territoire. Ainsi que deux olympiades thématiques autour des Jeux Olympique.
- Dans les Hauts-de-France, le programme « Mille & Un Défis ». Lancé en 2016 par la Mutualité Française, il permet à des jeunes en situation de handicap de pratiquer des activités physiques. Les jeunes participent à des séances hebdomadaires de sport adapté (zumba, rugby, boccia, tir à l’arc, etc.) en partenariat avec des clubs et équipements locaux. Des Journées des défis sont également organisées pour favoriser les échanges entre établissements. Par exemple en 2024 à Wasquehal, 60 jeunes ont pris part à des ateliers de cross training et d’Handidanse.